Ihr Browser ist veraltet. Bitte aktualiseren Sie auf Edge, Chrome, Firefox.
X
Omar Ba, Devoir de mémoire, 2023
Öl, Acryl, Tusche, Tipp-Ex, Marker und Farbstift auf Umzugskartons, 301 x 928.5 x 39.5 cm
Aargauer Kunsthaus, Aarau
Fotocredit: ullmann photography (Timo Ullmann)

French version below

Omar Ba, 1977 im Senegal geboren, lebt und arbeitet in Dakar, Genf und New York. Seit 2003 ist der international renommierte Künstler auch in der Schweiz tätig. Nach seinem Studium an der Nationalen Kunstschule in Dakar besuchte er auf Einladung seines Lehrers, des Malers Claude Sandoz, die Kunstschule in Genf. Sein Masterstudium an der Kunstschule Wallis schloss er 2011 ab, im selben Jahr wurde er mit dem Swiss Art Award ausgezeichnet. Seither hat Omar Ba sein Werk in verschiedenen monografischen Ausstellungen in der Schweiz, vor allem aber auf internationaler Ebene präsentiert: 2015 in der Ferme-Asile in Sion, 2019 im Musée des Beaux-Arts de Montréal in Québec, 2022 im Baltimore Museum of Art in den USA und ebenfalls 2022 in den Musées Royaux des Beaux-Arts in Belgien.

Eigens für die Ausstellung « Stranger in the Village »im Aargauer Kunsthaus 2023 hat Omar Ba die monumentale Arbeit « Devoir de mémoire » geschaffen. Das aus 149 zu einer Wand gestapelten Umzugskartons bestehende Werk widersetzt sich durch das ungewöhnliche Material und Format sowie den die Komposition dominierenden schwarzen Hintergrund klassischen Bildkonventionen und steht in der Tradition der Harlem-Renaissance-Malerei der 1920er- und 1930er-Jahre. Das weisse Schachbrettmuster auf schwarzem Grund erzeugt eine perspektivische Wirkung, vor der sich verschiedene Figuren und organische Formen in satten Farben abheben.

In der Mitte blicken zwei Gesichter den Betrachter direkt an: Es sind zwei Frauen, die Schwester und die Mutter des Künstlers, in inniger Verbundenheit. Als Hüterinnen des sozialen Zusammenhalts scheinen sie uns zur kollektiven Erinnerungsarbeit aufzurufen. Sie erinnern, so Omar Ba, an die wichtige Rolle der Frau und des Matriarchats in verschiedenen afrikanischen Gesellschaften, auch im heutigen Senegal, wo das Christentum, aber auch der Animismus und andere Religionen, nach und nach das Patriarchat durchgesetzt haben. Die beiden Frauen sind von weiteren symbolischen Figuren umgeben: Der Mann auf dem Pferd, der den rechten Teil der Komposition einnimmt, zeigt mit seiner Hand nach links und verweist damit auf die Vergangenheit, der man sich stellen muss. Im Gegensatz zu kriegerischen Reiterfiguren wie Julius Cäsar oder Mark Aurel geht es diesem Reiter nicht um die Verherrlichung des eigenen Sieges: Die anonyme Figur, in Flipflops, symbolisiert mit ihrer pazifistischen Haltung die Bereitschaft, der kollektiven Geschichte mit Klarheit und Demut zu begegnen.

Zwei stehende männliche Figuren links im Bild scheinen von Wörtern und Symbolen verschluckt zu werden. Unter das Kinn des ersten Mannes hat Omar Ba in Grossbuchstaben « Le Négrier » geschrieben, eine Anspielung auf das Sklavenschiff am Horizont. Die zweite Figur, deren Hals der Künstler mit einem Christuskreuz durchbohrt hat, symbolisiert die christliche Religion. Aus den Oberkörpern der Männer wachsen zahlreiche Pflanzenzweige, die mit winzigen Fähnchen versehen sind. Bei genauerem Hinsehen erkennt man, dass es sich um die Flaggen der Kolonialmächte handelt – das Schweizerkreuz links neben dem Christuskreuz steht für die Beteiligung der Schweiz an der Kolonialpolitik. Omar Ba prangert damit die Herrschaftssysteme an, die dem afrikanischen Kontinent während der Kolonialzeit aufgezwungen wurden. Verschiedene Gewaltszenen, die an Sklaverei, Gefangenschaft und Kampf erinnern und in Sprechblasen über das gesamte Werk verteilt sind, unterstreichen seine Aussage.

Wie der Titel der Arbeit « Devoir de mémoire » [« Verpflichtung zur Erinnerung »] andeutet, soll das Bild zum Nachdenken über die strukturelle Gewalt und die Machtverhältnisse des Westens anregen, die bis heute bleibende Spuren im Alltag hinterlassen. Auch die verwendete Technik unterstreicht die Intention des Künstlers: Wie in anderen Wandinstallationen hat Omar Ba Umzugskartons als Bildträger gewählt. Die Kartons symbolisieren einerseits die von Prekarität und Vertreibung geprägten Migrationsbedingungen, und andererseits die Bedeutung der Archivarbeit für die Aufarbeitung der Geschichte. Durch die Verbindung dieser beiden Ebenen hinterfragt das Format der Arbeit das Klassensystem, das seit der Aufklärung im 18. Jahrhundert eine hierarchische und eurozentrische Ordnung durchsetzt. Dieses System rechtfertigte wirtschaftliche und soziale Ungleichheiten und Diskriminierungsmechanismen, indem es Menschen in fiktive Kategorien einteilte. Wie das Werk zu verstehen ist, wird deutlich, wenn man sich bewusst macht, dass die Schachteln, aus denen es besteht, leer sind: Die Botschaft des Künstlers wiegt schwer, doch macht sie gerade die Leichtigkeit, mit der sie vermittelt wird, umso kraftvoller.

Céline Eidenbenz, 2025

***

Né en 1977 au Sénégal, Omar Ba travaille entre Dakar, Genève et New York. Artiste de renommée internationale, il est actif en Suisse depuis 2003. Après avoir étudié à l’école nationale d’art de Dakar, il fréquente l’école d’art de Genève sur invitation de son professeur, le peintre Claude Sandoz. En 2011, il obtient également un Master à l’école d’art du Valais et se voit récompensé par un Swiss Art Award. Depuis, Omar Ba a présenté son travail dans différentes expositions monographiques en Suisse, mais surtout sur la scène internationale : à La Ferme-Asile à Sion en 2015, au Musée des Beaux-Arts de Montréal au Québec en 2019, au Baltimore Museum of Art aux États-Unis en 2022, ainsi qu’aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique en 2022.

L’œuvre monumentale « Devoir de mémoirea » été spécialement créée par Omar Ba pour l’exposition « Stranger in the Village », qui s’est tenue en 2023 à l’Aargauer Kunsthaus . Constituée de 149 cartons de déménagement empilés les uns sur les autres, cette œuvre rompt avec les conventions picturales classiques, tant par son matériau et son format inhabituels que par le fond noir qui domine la composition, dans la lignée des peintures de la Harlem Renaissance des années 1920-1930. Le damier blanc qui recouvre cet arrière-plan crée un effet de perspective dans lequel évoluent différents personnages et formes organiques aux couleurs saturées.

Au centre, deux regards s’adressent directement au spectateur: ils appartiennent à deux femmes solidaires, qui sont également la sœur et la mère de l’artiste. Garantes de la cohésion sociale, elles semblent nous inviter à accomplir notre travail de mémoire collectif. Selon Omar Ba, elles commémorent l’importance du rôle des femmes et du matriarcat dans différentes sociétés africaines, dont l’actuel Sénégal, où le christianisme, tout comme l’animisme et d’autres religions, a peu à peu implanté le patriarcat. Ces deux femmes sont entourées d’autres figures symboliques : l’homme à cheval, qui domine la partie droite de la composition, pointe sa main vers la gauche, désignant ainsi le passé qu’il faut regarder en face. À l’opposé des figures équestres guerrières de Jules César ou Marc Aurèle, ce cavalier n’est pas là pour la glorification de sa propre victoire : il s’agit d’un individu anonyme chaussé de simples tongs, dont l’attitude pacifiste traduit la volonté d’aborder l’histoire collective avec lucidité et humilité.

À gauche, deux figures masculines en pied semblent être avalées par des mots et des symboles. Omar Ba a inscrit l’expression « Le Négrier » en majuscules sous le menton du premier homme, en écho au navire de traite situé à l’horizon derrière lui. Le second personnage, auquel l’artiste a enfoncé une croix du Christ dans le cou, représente la religion chrétienne. De son torse jaillissent non seulement de nombreuses branches végétales, mais aussi de minuscules drapeaux. En regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il s’agit de ceux des nations colonisatrices – et le carré suisse planté au pied de la croix rappelle l’implication du pays dans l’entreprise coloniale . Omar Ba dénonce ainsi les systèmes de domination qui ont été imposés au continent africain durant la période coloniale. Différentes scènes de violence, réparties dans des bulles sur l’ensemble de l’œuvre, renforcent son propos en évoquant l’esclavage, l’emprisonnement et la lutte.

Comme le suggère le titre de l’œuvre, « Devoir de mémoire » invite à un travail de mémoire concernant la violence structurelle et les rapports de force infligés par l’Occident, et qui laissent encore aujourd’hui des traces durables dans la vie quotidienne. La technique utilisée souligne encore l’intention de l’artiste : Omar Ba a en effet opté pour des cartons de déménagement comme support, comme il l’avait déjà fait pour d’autres installations murales . Ces cartons évoquent non seulement les conditions de la migration, marquées par la précarité et le déplacement, mais aussi la nécessité d’un travail d’archivage pour reconstituer l’histoire. En combinant ces deux niveaux de lecture, le format de l’œuvre interroge les systèmes de classification utilisés depuis les Lumières au XVIIIe siècle pour imposer un ordre hiérarchisé et eurocentrique. Ce système, qui a servi à diviser l’humanité en catégories fictives, a justifié les inégalités économiques et sociales ainsi que les mécanismes de discrimination. Finalement, cette œuvre prend tout son sens lorsqu’on comprend que les boîtes qui la constituent sont parfaitement vides : le message d’Omar Ba est certes lourd, mais il est transmis avec une telle légèreté qu’il n’en devient que plus puissant.

Céline Eidenbenz, 2025

X